Eclairage sur la laïcité dans un IMPro
Une action a été conduite le 2 septembre dernier à l’institut médico-professionnel (IMPro) de Wahagnies, établissement géré par l’UDAPEI 59 – Les Papillons blancs.
Dirigé par Nordine GHEZAL, cet établissement a pour mission d’accompagner et de prendre en charge des jeunes en situation de handicap mental, dans une optique socialisante et professionnalisante.
Notre action a consisté à éclairer les salariés accompagnant au quotidien ces jeunes sur la laïcité et la gestion des convictions.
Les messages essentiels à transmettre ont été les suivants :
1/la République est laïque, pas la France, ni les Français ;
2/la laïcité a des conséquences pratiques pour les établissements publics et les établissements ayant une délégation ou mission de service public, mais pas pour les structures de droit privé ;
3/la neutralité des salariés de l’IMPro n’est pas une conséquence de l’application de ce principe ; elle trouve son origine dans la volonté du mouvement associatif parental auquel appartient l’IMPro que les membres de l’Unapei soient « indépendants et neutres sur les plans
politique, syndical et confessionnel. » (article 7 de la charte éthique et déontologique des membres de l’Unapei) ;
4/l’établissement est géré par un mouvement associatif parental de tradition laïque, mais ce n’est pas un établissement laïque ;
5/la neutralité ne signifie pas l’ignorance des convictions, et en particulier de la spiritualité chez les jeunes accompagnés. Il s’agit de prêter attention aux demandes de cette nature, ayant trait à des questions de quête de sens ;
6/le prosélytisme (zèle ardent pour convaincre autrui de ses convictions) est interdit sur le lieu de travail.
L’analyse des questionnaires d’évaluation à chaud montre que cette action a eu un impact positif sur les connaissances des salariés en matière de laïcité et gestion des convictions – pas que religieuses ! – dans leur établissement.
Nous vous proposons ci-après de prendre connaissance du questionnaire auquel ont répondu la cinquantaine de salariés présents ainsi que des résultats de cette analyse.
L’analyse repose sur 37 questionnaires PRE (complétés avant l’action) et 37 questionnaires POST (complétés après) exploitables.
La structure du questionnaire a été largement inspirée de ce qui est proposé dans le cadre des formations du plan national « Valeurs de la République et laïcité », formations auxquelles nous participons en région Normandie.
Dans les deux graphiques précédents, nous avons retenu le pourcentage de bonnes réponses (avant la session en vert pâle, après la session en vert, comme indiqué).
Si vous avez des remarques et/ou interrogations à propos de cette analyse et, plus largement, à propos de cette action, n’hésitez pas à nous laisser un commentaire ci-après ou à nous contacter.
P.S.1 : nous avons gardé volontairement le terme « IMPro », encore largement utilisé, bien que nous savons que ce type d’établissement porte aujourd’hui le nom de SIPFP : Section d’Initiation et de Première Formation Professionnelle.
P.S.2 : la photo liée à cet article, prise lors de la visite de l’établissement avec Nordine GHEZAL, représente l’atelier mensuiserie. Y sont notamment fabriquées les cagettes de transport de la bière Léonce, bière confectionnée par des personnes en situation de handicap travailleurs de l’Esat d’Armentières.
Synthèse éclairante sur l’utilité de ce type d’intervention.
Comment analyser, toutefois, les résultats à la question 9, qui sont plus faibles après l’action d’information qu’avant ?
Merci pour ce commentaire Elsa.
En ce qui concerne l’interprétation des résultats de la question 9, deux éléments me viennent à l’esprit.
Le premier est qu’il y a pu avoir une confusion de la part des salariés de l’IMPro entre le fait que le prosélytisme est interdit sur le lieu de travail, quel que soit ce lieu, et le fait qu’il n’est pas interdit dans la société. J’ai insisté lourdement lors de mon intervention en martelant l’interdiction du prosélytisme sur leur lieu de travail, un établissement privé au sein duquel la laïcité n’a pas pour conséquence la neutralité des salariés, mais qui est tout de même de « tradition laïque ». De ce fait, je me dis que cela a pu rendre ce point flou.
Le deuxième élément est que le zèle ardent pour recruter des adeptes ou faire en sorte qu’autrui adhère à ses idées, même s’il est autorisé dans l’espace public (nous avons presque instinctivement en tête à ce propos l’exemple des Témoins de Jéhovah faisant du porte à porte), est plutôt perçu négativement dans notre société… où la religion tend à être relégué dans l’espace privé (alors que la loi ne l’interdit absolument pas). En évoquant le sujet ici et là, en milieu professionnel (à Wahagnies et ailleurs) ou amical, je fais le constat que les actions d’ordre prosélyte sont plutôt mal perçues, et sans doute d’autant plus quand elles sont exclusivement assimilées à des actions d’ordre religieux. Cela expliquerait-il qu’il y aurait un souhait d’interdire ce type d’actions dans une société souvent considérée – à tort – comme laïque ?
Je verrai si à l’avenir ce type de résultat se reproduit.
Et puis cela pourrait aussi s’expliquer par le fait que je n’ai pas été aussi clair que voulu sur ce point !